En el último
número de Infosurr hemos de destacar
la reseña muy rica que Laurens Vancrevel hace de Anarchy for a rainy day, ya que vale como introducción a una figura
que, como otras de los Estados Unidos, ha escapado a los panoramas que se han
centrado en el grupo originado en Chicago. Oisteanu nació en la Unión Soviética
en 1943 y hubiera sido el único surrealista ruso de todos los tiempos, si no
fuera porque se formó realmente en Rumanía y desarrolló toda su obra en los
Estados Unidos. Aunque muy marcado por el dadaísmo y abierto a corrientes como
la literatura beat, y por mucho que el predominio ideológico marxista-leninista
del grupo de Franklin Rosemont lo hayan llevado a trazar su propio camino,
Oisteanu es un nombre del surrealismo. De hecho, entre 1973 y 2015 fundó con
otros amigos el colectivo Poets and Artists Surreal Society, y en 1978 colabora
en Dream Helmet como en tiempos
recientes aparece en Lo que será, A Phala o The Annual. Es autor de una docena de poemarios (acompañados de
fotos y collages), de un libro de relatos y otro de ensayos y de infinidad de
artículos; además, es otro de los nombres del surrealismo cercanos al jazz,
incluso colaborando en las sesiones de Jazzpoetry. El libro que reseña Laurens
Vancrevel incluye homenajes a muchos nombres del surrealismo, como Paul
Delvaux, Tristan Tzara, Arshile Gorky (quien “habla” con Jackson Pollock),
Eugenio Granell (este, reproducido en el n. 3 de A Phala), Simon Vinkenoog, Gellu Naum, Sarane Alexandrian, Philip
Lamantia y Ted Joans.
Elegimos reproducir
los poemas a los últimos cuatro nombres citados, pero también el texto de
Vancrevel, inmejorable presentación de este poeta.
*
Le poète et
collagiste Valery Oisteanu a trouvé la liberté d’expression ainsi que le
nouveau monde du surréalisme et les échos de Dada lorsqu’il s’est établi à New
York en 1973, après un parcours difficile à travers le monde communiste, ou
plutôt stalinien. Il est né en 1943 dans la ville minière Karaganda en
Kazakhstan, lieu redouté de camps staliniens, de travaux forcés et d’exil
contraint de minorités ethniques d’Union soviétique; il y a vécu jusqu’en 1954.
À cause d’un antisémitisme renaissant et de la répression de la communauté
juive, son père décida qu’il fallait essayer à quitter l’Union Soviétique et
passer secrètement en Roumanie, dont le régime communiste avait une réputation
relativement plus favorable , même envers les juifs – malgré le fait que les
juifs roumains étaient constitutionnellement exclus des droits civils. Ainsi, Valery Oisteanu devint un «juif
roumain» à l’âge de 11 ans. Il dû échanger son éducation russe pour la
roumaine. Il fut un lycéen et un étudiant brillant; il reçut le diplôme d’agrégé en chimie à l’école polytechnique de Bucarest. Il
écrivait des poèmes en roumain; en 1970, il publia à Bucarest son premier
recueil, Proteze [Prothèse]. Lorsque
la vie devenait de plus en plus pénible sous la dictature de Ceauscescu, il
sollicita l’autorisation d’émigrer en Amérique. Cette autorisation, qui n’était
pas accordée aux citoyens roumains sans paiement d’une compensation énorme des
services d’état reçus, était accordée tout de suite aux juifs…
Arrivé à New York en 1973, Oisteanu changea de
langue pour la deuxième fois. Il trouva vite son chemin dans cette ville
polyglotte et cosmopolite. L’œuvre de Tristan Tzara, le dada roumain, qu’il lu
alors pour la première fois, devait rester sa source d’inspiration majeure. Il
entra en contact avec des poètes de la génération « beat » tels que Ted Joans,
Ira Cohen, John Digby, Bill Wolak, proches des idées du surréalisme. Il
rencontra aussi des artistes d’avant-garde tels que Julian Beck et Judith
Malina du Living Theatre qui furent des amis fidèles. Le poète Charles-Henri
Ford, l’ami des surréalistes dans les années 40, entretenait une sorte de salon
d’artistes dans son vaste appartement du Dakota building, et celui-ci priait
Oisteanu de se joindre à ces rendez-vous.
Valery Oisteanu, Autorretrato |
En 1977, Oisteanu publia son premier recueil de
poèmes en anglais qu’il avait présentés à ces sessions de poésie-jazz. Il s’adonnait
à l’art du collage et il exposait ses créations dadaïstes-surréalistes dans des
galeries d’art expérimental. On lui suggéra de rejoindre le groupe des
surréalistes à Chicago, mais leurs déclarations marxistes l’avaient refroidi
après ses mauvaises expériences avec la pratique du marxisme au Kazakhstan et
en Roumanie; il préfére une attitude libertaire et veut rester indépendant de
toute sorte de groupe organisé sur une doctrine. Par contre, il fonda le cercle
surréaliste informel, appelé «Poets & Artists Surreal Society» (PASS),
auquel il invitait ses amis John Digby, Bill Wolak, Charles Simic, Nanos
Valaoritis, Marie Wilson, Allan Graubard, Jordan Zinovic, Nina Zivancevic, Paul
Mc Randle et autres sympathisants du surréalisme. Sous l’enseigne de PASS, des
éditions surréalistes ont vu le jour. Son plus récent recueil (le dixième en
langue anglaise), Anarchy for a Rainy Day
[L’Anarchie comme une poire pour la soif] (2015), contient de très forts poèmes
politiques et humoristiques qui font penser au Je ne mange pas de ce pain-là de Benjamin Péret ; ainsi le
fulminant «The Crime of Free Expression» se termine par ces lignes:
«Occupez Wall Street n’est pas mort, il est
devenu global ! / Occupez la Paix ! Occupez l’Environnement ! / Occupez la
Connaissance ! Occupalooza Bébé ! / Ne vous laissez pas doubler par le temps !
/ Occu, Occu, Occupez ! le vaste monde entier.»
Magnifique est son poème-manifeste sur
surréalisme à venir, «Surreal Cosmos: Letter to a Future Generation»:
«Résistez. Provoquez. Inspirez et Illuminez. /
Ce sont là quelques outils de l’avenir surréaliste / De façon magique nous
avons choisi tous la même longueur d’onde / Nous partageons le désir de nous
unir dans une révolution de la pensée.»
Le recueil se termine par un groupe de beaux poèmes
hommages à plusieurs amis disparus ces dernières années : Sarane Alexandrian,
Ted Joans, Ira Cohen, Philip Lamantia, Simon Vinkenoog, Judith Malina et
autres. Ce livre explosif annonce l’impérieux avenir de la liberté et de la
poésie. Peu avant sa mort, Judith Malina commentait ce beau recueil par les
mots suivants: «Lire Valery Oisteanu c’est pénétrer dans soi-même et resurgir
muni d’un vocabulaire dont vous ne saviez pas qu’il existe.»
(Laurens Vancrevel)