miércoles, 20 de julio de 2016

Valery Oisteanu

En el último número de Infosurr hemos de destacar la reseña muy rica que Laurens Vancrevel hace de Anarchy for a rainy day, ya que vale como introducción a una figura que, como otras de los Estados Unidos, ha escapado a los panoramas que se han centrado en el grupo originado en Chicago. Oisteanu nació en la Unión Soviética en 1943 y hubiera sido el único surrealista ruso de todos los tiempos, si no fuera porque se formó realmente en Rumanía y desarrolló toda su obra en los Estados Unidos. Aunque muy marcado por el dadaísmo y abierto a corrientes como la literatura beat, y por mucho que el predominio ideológico marxista-leninista del grupo de Franklin Rosemont lo hayan llevado a trazar su propio camino, Oisteanu es un nombre del surrealismo. De hecho, entre 1973 y 2015 fundó con otros amigos el colectivo Poets and Artists Surreal Society, y en 1978 colabora en Dream Helmet como en tiempos recientes aparece en Lo que será, A Phala o The Annual. Es autor de una docena de poemarios (acompañados de fotos y collages), de un libro de relatos y otro de ensayos y de infinidad de artículos; además, es otro de los nombres del surrealismo cercanos al jazz, incluso colaborando en las sesiones de Jazzpoetry. El libro que reseña Laurens Vancrevel incluye homenajes a muchos nombres del surrealismo, como Paul Delvaux, Tristan Tzara, Arshile Gorky (quien “habla” con Jackson Pollock), Eugenio Granell (este, reproducido en el n. 3 de A Phala), Simon Vinkenoog, Gellu Naum, Sarane Alexandrian, Philip Lamantia y Ted Joans.
Elegimos reproducir los poemas a los últimos cuatro nombres citados, pero también el texto de Vancrevel, inmejorable presentación de este poeta.






















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Le poète et collagiste Valery Oisteanu a trouvé la liberté d’expression ainsi que le nouveau monde du surréalisme et les échos de Dada lorsqu’il s’est établi à New York en 1973, après un parcours difficile à travers le monde communiste, ou plutôt stalinien. Il est né en 1943 dans la ville minière Karaganda en Kazakhstan, lieu redouté de camps staliniens, de travaux forcés et d’exil contraint de minorités ethniques d’Union soviétique; il y a vécu jusqu’en 1954. À cause d’un antisémitisme renaissant et de la répression de la communauté juive, son père décida qu’il fallait essayer à quitter l’Union Soviétique et passer secrètement en Roumanie, dont le régime communiste avait une réputation relativement plus favorable , même envers les juifs – malgré le fait que les juifs roumains étaient constitutionnellement exclus des droits civils. Ainsi, Valery Oisteanu devint un «juif roumain» à l’âge de 11 ans. Il dû échanger son éducation russe pour la roumaine. Il fut un lycéen et un étudiant brillant; il reçut le diplôme d’agrégé en chimie à l’école polytechnique de Bucarest. Il écrivait des poèmes en roumain; en 1970, il publia à Bucarest son premier recueil, Proteze [Prothèse]. Lorsque la vie devenait de plus en plus pénible sous la dictature de Ceauscescu, il sollicita l’autorisation d’émigrer en Amérique. Cette autorisation, qui n’était pas accordée aux citoyens roumains sans paiement d’une compensation énorme des services d’état reçus, était accordée tout de suite aux juifs…
Arrivé à New York en 1973, Oisteanu changea de langue pour la deuxième fois. Il trouva vite son chemin dans cette ville polyglotte et cosmopolite. L’œuvre de Tristan Tzara, le dada roumain, qu’il lu alors pour la première fois, devait rester sa source d’inspiration majeure. Il entra en contact avec des poètes de la génération « beat » tels que Ted Joans, Ira Cohen, John Digby, Bill Wolak, proches des idées du surréalisme. Il rencontra aussi des artistes d’avant-garde tels que Julian Beck et Judith Malina du Living Theatre qui furent des amis fidèles. Le poète Charles-Henri Ford, l’ami des surréalistes dans les années 40, entretenait une sorte de salon d’artistes dans son vaste appartement du Dakota building, et celui-ci priait Oisteanu de se joindre à ces rendez-vous.
Valery Oisteanu, Autorretrato
En 1977, Oisteanu publia son premier recueil de poèmes en anglais qu’il avait présentés à ces sessions de poésie-jazz. Il s’adonnait à l’art du collage et il exposait ses créations dadaïstes-surréalistes dans des galeries d’art expérimental. On lui suggéra de rejoindre le groupe des surréalistes à Chicago, mais leurs déclarations marxistes l’avaient refroidi après ses mauvaises expériences avec la pratique du marxisme au Kazakhstan et en Roumanie; il préfére une attitude libertaire et veut rester indépendant de toute sorte de groupe organisé sur une doctrine. Par contre, il fonda le cercle surréaliste informel, appelé «Poets & Artists Surreal Society» (PASS), auquel il invitait ses amis John Digby, Bill Wolak, Charles Simic, Nanos Valaoritis, Marie Wilson, Allan Graubard, Jordan Zinovic, Nina Zivancevic, Paul Mc Randle et autres sympathisants du surréalisme. Sous l’enseigne de PASS, des éditions surréalistes ont vu le jour. Son plus récent recueil (le dixième en langue anglaise), Anarchy for a Rainy Day [L’Anarchie comme une poire pour la soif] (2015), contient de très forts poèmes politiques et humoristiques qui font penser au Je ne mange pas de ce pain-là de Benjamin Péret ; ainsi le fulminant «The Crime of Free Expression» se termine par ces lignes:
«Occupez Wall Street n’est pas mort, il est devenu global ! / Occupez la Paix ! Occupez l’Environnement ! / Occupez la Connaissance ! Occupalooza Bébé ! / Ne vous laissez pas doubler par le temps ! / Occu, Occu, Occupez ! le vaste monde entier.»
Magnifique est son poème-manifeste sur surréalisme à venir, «Surreal Cosmos: Letter to a Future Generation»:
«Résistez. Provoquez. Inspirez et Illuminez. / Ce sont là quelques outils de l’avenir surréaliste / De façon magique nous avons choisi tous la même longueur d’onde / Nous partageons le désir de nous unir dans une révolution de la pensée.»
Le recueil se termine par un groupe de beaux poèmes hommages à plusieurs amis disparus ces dernières années : Sarane Alexandrian, Ted Joans, Ira Cohen, Philip Lamantia, Simon Vinkenoog, Judith Malina et autres. Ce livre explosif annonce l’impérieux avenir de la liberté et de la poésie. Peu avant sa mort, Judith Malina commentait ce beau recueil par les mots suivants: «Lire Valery Oisteanu c’est pénétrer dans soi-même et resurgir muni d’un vocabulaire dont vous ne saviez pas qu’il existe.»
(Laurens Vancrevel)