lunes, 27 de enero de 2020
Más sobre "The Room"
Introduction collective à la revue The ROOM (Version Française).
Textes de Mohsen Elbelasy, TH. D. Typaldos, Stuart Inman, David Nadeau, Craig S. Wilson, Onfwaun Fouad, Ghadah Kamal, Yasser Abdelkawy.
Mohsen Elbelasy – Egypte.
Quelle est la matrice mystérieuse de la vie?
La mort ? Les ombres ? La nuit ? De futurs points d'interrogation?
Le lac Morphine dans lequel tu te noies quand tu dors?
Le chemin vibrant, parsemé de plaisir sexuel?
L'Echo à tes oreilles?
Toi même?
Moi? Cette autre peau?
Un poulpe violet dans ta tête?
La coïncidence absolue?
Le frisson de la chair brûlante, et des questions?
Nous partons.
Dans les placards sombres, des abeilles sauvages émettent une lumière phosphorescente qui s'impose par delà toutes les autres choses.
Cette lumière peut faire fondre toutes les statues qui cachent leur vieille virginité entre leurs cuisses.
Les ombres minées de la salive de la marchandisation deviendront des terrains de jeux ouverts.
Assez de lacs de ciment! Assez de lacs de ciment et d'attente constante pour la coïncidence nue!
La porte de la salle est grande ouverte, et ce que vous voyez à l'intérieur, c'est la flamme qui se transforme en hommes et en femmes qui vous chuchotent des choses tout en se dévorant la tête. Ils murmurent que ce n'est que la porte de la salle, et que la prochaine porte constituera les dents, la langue et les cils de l'imagination libre ; et l'opéra de l'inconscience d'une époque morte –– Et des grains de sable qui, de l'estomac, sont transportés sur le dos du vent tragique. Les Désirs des Loups partiront s’attaquer aux paons des producteurs d'art et de littérature et de leurs marchands. Le lobby sera vaste.
Pendant des décennies, le spectre surréaliste a régulièrement visité ce lieu de notre planète opprimée –– Le Moyen-Orient. Ici, c'est une terre où l'on écrase les os et où on tord le cou de l'humanité. Ici, les loups de l'imagination libre courent seuls. Parfois, ils courent en groupe. A d'autres moments, ils construisent des huttes volantes, habitées par des oiseaux sauvages et indomptables qui ne pondent jamais, qui tuent toujours leurs parents quand ils ont grandi.
Leurs ailes brûlent toutes les chaînes et toutes les entraves, et agissent avec les cadavres d'un langage peuplé d’angoisses par les sacs à vent et leurs couleurs assourdies.
Aujourd'hui, s'ouvre la porte d'une autre salle, auprès des salles monolithiques qui furent un jour construites et habitées par des loups et des poissons qui ne se mêlent pas. Nous voici. O Georges Henein, Edmond Jabès, Joyce Mansour, Albert Cossery, Kamel Altelmissany, Ramses Younan, Angelo de Riz, Mayo, Ida Kar, Eric de Nemes, Marie Cavadia. Et vous tous du groupe qui cria Art et Liberté dans les années 30 et 40 du XXe siècle et... O Abdul Kadir Al-Janabi et Nassib Traboulsi, et tous ces cris du groupe surréaliste arabe de Paris qui insuffla la vie dans les veines du mouvement surréaliste arabe au cours des années 70 et 80 du siècle dernier. Ou encore... Qui que ce soit qui soit issu et ait grandi de cette terre avec une main d'acier, levant haut la bannière de l'imagination libre, qui ne brûle jamais dans un air saturé par la lèpre de la consommation.
Et nous voici, qui brisons à nouveau le verrou. Nous venons compléter le défilé de revues et de publications qui sont sortis des entrailles de cette terre:
• «Don Quichotte», 1939 - Le Caire
• «The Evolution», 1940 - Le Caire (La revue du groupe Art et Liberté)
• «La Séance Continue», 1945 - Le Caire. Editions Mas (Groupe Art et Liberté).
• «La part du sable», 1947 - Le Caire - Editions La part du sable (Groupe Art et Liberté)
• «Le désir libertaire», Le surréalisme arabe à Paris, 1973-1975.
• «Le Point», Le surréalisme arabe à Paris. 1982.
Pages de désirs indomptés qui pavèrent les ponts pour nous et construisirent des échafaudages afin que nous puissions terminer le bâtiment, dont nous allons sauter.
Que se lèvent et tourbillonnent à nouveau les vagues d'une chute libre. Il n'y a ni fin ni lieu permanent pour le surréalisme, et pas de fin non plus à ses mains dont les éclairs pénètrent la nuit des cellules dans les prisons de la conscience.
Nous nous spécialisons dans le balayage d'obstacles, et le premier numéro du magazine «the ROOM» vous dit simplement que le surréalisme est de retour sur cette terre et que, le vent en vue, il n'y a pas de murs dans cette salle.
Voici la salle où libérer les désirs délirants incandescents, et voici le commencement de la réalisation de la poésie dans la vie quotidienne de tous les gens qui se désolent dans cette région. Ici, nous dépasserons les limites de la poésie écrite et visuelle. Ici, nous allons introduire de nouvelles façons de pratiquer la poésie sous toutes ses formes et il n’y aura nulle place pour les clôture ou pour des portes séparant le rêve de la réalité. Ici, vous pouvez toujours voguer à plaisir et le flot des miracles vous transportera vers une liberté absolue et sans sirènes. Nous sommes les alliés de tout enfant dont la tête refuse de s’acclimater.
Cent ans après l'écriture du premier texte surréaliste (Les Champs Magnétiques - 1919) et l'émergence de l'écriture automatique, reliant la science de la psychanalyse à la poésie, la vaste conception de la vie, tant mentale que visuelle, inaugurée par surréalisme n'a pas un instant arrêté d'évoluer, de se ramifier, de bouger et de renaître et d'éteindre tout éclat faux ou domestiqué. Nous sommes maintenant au début de 2020 et le surréalisme n'a pas cessé d'exister dans les arts et les sciences contemporains, toujours renouvelé par son errance continuelle faite d'activité, de développements, de transformations, d'attitudes et de recherches.
A notre époque, le surréalisme continue de constituer une force puissante et croissante dans le champ de la littérature et de l'art, dans le domaine des centres de recherche critiques et dans le cinéma indépendant. Et l'influence considérable du surréalisme sur l'art, le cinéma, l'écriture ainsi que sur de nombreux autres médias se poursuit sans relâche.
Par ailleurs, l'écrasante majorité du mouvement arabe de critique littéraire et artistique, nageant toujours dans son coma, décrit le surréalisme comme un cadavre du passé, mais aujourd'hui nous venons révéler votre coma miteux et vous apporter une salle sans murs. À l'intérieur, vous trouverez les loups surréalistes les plus actifs. Monde rectangulaire dont toutes les chaînes de cette planète muette ne peuvent contrôler le vol sans fin.
Ce numéro contient des dizaines de loups surréalistes représentant plus de trente nationalités de tous les continents du monde. Entrez et en passant, laissez les portes ouvertes.
Ce n'est que le point de départ…
TH. D. Typaldos – Grèce.
Que sommes-nous? Où sommes-nous? Nous sommes les problèmes sans les solutions, ou nous sommes les solutions sans les problèmes. Nous sommes dans une salle pleine de miroirs. Nous regardons vers l'Est, et l'Est est la dernière frontière pour notre vision. Le soleil sombre dans les couleurs du Caire et tout le port d'Alexandrie, épelle un mot, un mot qui joue avec l'imagination comme un enfant du temps. Ne craignez pas l'inconnu, n'oubliez pas l'incroyable: les lumières de la ville sont le corps d'une femme qui raconte son histoire aux miroirs de The ROOM.
Chantez: plus de cris, plus de douleur - nous sommes tout ce que nous ne sommes pas.
Stuart Inman – Royaume Uni.
Je suis allé à Prague pour la première fois en 1991 et j'y ai rencontré Ludvik Svab. Il a dit qu'il pensait que l'avenir de l'activité surréaliste collaborative était dans les jeux. Cela pouvait sembler étrangement trivial vu de l'extérieur... Jusqu'à ce que nous prenions en considération la passion que les surréalistes ont toujours eu pour les jeux et pour le principe ludique lui-même.
Des années plus tard, j'ai tenté de répondre à une question que je m'étais posée: "Qu'est-ce que l'or du temps?" et la réponse était que c'est ce temps qui a rompu avec la durée sans fin du processus de production et la consommation, un temps et un espace que nous récupérons et détournons de l'utilitariste, du contrôlé, de l'entreprise, et que nous voyons apparaître, dans ces moments de jeu libres au sein d'une communauté élective, le reflet et la réalisation momentanée de la révolution surréaliste. Bien que nos jeux puissent devenir un outil de recherche et puissent nous aider à façonner nos "armes miraculeuses", la chose la plus miraculeuse quant au principe ludique est la liberté qu'il nous offre pour ce moment fugace. Ce n'est pas suffisant, bien sûr, mais en enflammant notre espoir, il nous inspire non seulement à trouver le moment révolutionnaire libre, mais à briser la roue du temps. "
David Nadeau - Canada
Bien sûr, le surréalisme n'est pas une mode culturelle limitée au XXe siècle mais un mode de vie, une aventure individuelle et collective qui se poursuit aujourd'hui. Des Individus et des groupes d'affinités qui débattent de leurs recherches communes et partagent leurs découvertes. L'esthétique se réinvente au cours de l'expérience surréaliste et devient un instrument de connaissance et d'exploration intérieure. L'esprit est attentif à un monde imperceptible mais réel. Par le renversement de la pensée consciente, la libre association d'objets poétiques révèle des désirs cachés et m'ouvre le champ illimité de la rêverie. Nous vivons à une époque où les idées et les mouvements poétiques n'ont certes pas le vent en poupe. La résistance au misérabilisme et la création de nouveaux langages libérés de l'utilitarisme commercial entretiennent le désir exigeant de transformation culturelle, désir exprimé sous la forme d'un mythe collectif, sans cesse réinventé. La surprise révèle des aspects inconnus et fascinants de la vie inconsciente et de ce nouveau mythe en formation, qui n'est nullement fixé sous une forme définitive. L'histoire de l'activité surréaliste construit peut-être le mythe de la quête, toujours recommencée, d'un nouveau mythe.
Craig S. Wilson - USA
S'il ne s'agit pas d'un mouvement artistique mort, alors qu'est-ce que le surréalisme? Que diriez-vous d'un mode de vie qui informe tout ce que nous faisons, que ce soit marcher dans la rue, étudier l'histoire ou faire de l'art? Du point de vue des rêves et des désirs qui pourraient résoudre les problèmes de la vie, chaque instant déjà se détache des apparences immobiles du présent. Le je, qui est un autre, jaillit des tubes à essai stagnants du quotidien. Soulevez le masque que vous êtes obligé de porter en raison des conditions sociales et des attentes de l’habitude. Quelle est cette rivière qui déborde au sein de votre personnalité maintenue par mille traumatismes? Est-ce la poésie qui monte quand vous êtes à moitié endormi, ces mots si facilement rejetés comme des absurdités? Mais ce filou sape votre défense, votre tendance à éviter la rencontre. C’est la coupe empoisonnée du hasard, un instant qui rompt avec le passé, une voix de révélation qui déracine les ancres et rigole aux ordres. Ce sentiment que chaque jour est votre anniversaire.
Onfwaun Fouad - Algérie
Un parapluie bleu renversé
Il vous faut calculer les coordonnées de la pluie.
L'intérieur de l'intérieur ne signifie pas un endroit fermé car l'esprit est habitué à consommer des significations avec son apparence réelle.
Ne frappez pas à la porte. Tenez simplement la poignée par cette main pendante et tronquée à l'intérieur de vous…
Un corps indompté avec une tête de brouillard ouvrant la bouche pour lire: "Bienvenue en enfer, à votre taille". Rapidement notre perception nous a fait nous engager à lancer le projet «The ROOM».
Comme les premiers à projeter leur surréalisme dans la chair de la réalité saturée de transparence et de consumérisme; laisser tomber les papes de l'art, les sultans de la littérature, les héritiers du capitalisme…
Nous avons trouvé que c'était le moment idéal pour étirer le cordon ombilical à plus de révolution qui élimine hors de l'humanité les impuretés de la société. Vous n'êtes pas censé être avec le troupeau analphabète. Alors, vous devez choisir la position à laquelle vous tenir.
Chaque terre a ses tremblements, dont les secrets sont révélés à ceux qui savent lire la Bourse, et chaque ciel a sa tempête pour que les fruits en décomposition tombent de l'arbre de la conscience. Le vent n'est pas seulement le créateur de troubles, tout comme les écrivains et les poètes qui croient au changement et au renouveau.
The ROOM, soit comme une boîte noire pour les ailes de l'oiseau de conscience, soit comme un cimetière inconnu qui ne vous aidera pas à fouiller sous sa peau.
The ROOM n'est qu'un prisonnier pour vos peurs, et si vous avez peur de rester seul, vous trouverez quelqu'un pour vous sauver. Vous le ferez, et personne d'autre que vous ne vous sauvera.
Ne vous attendez pas à ce que The ROOM soit ce lieu de luxe et de prestige que vous aviez l'habitude de trouver dans les galeries et les salles de poésie - les forums et les plateformes avec des lumières qui mangent votre âme et ravivent votre ego.
Nous sommes ici au mauvais endroit et au mauvais moment pour réhabiliter votre rébellion.
Vous devez écrire sans périphrase.
Vous devez écrire avec une clarté espiègle.
Et vous devez écrire spontanément en mettant clairement l'accent sur le projet surréaliste qui expose la putréfaction et révèle le mensonge social accumulé par les visages, les identités, les origines, les racines ethniques et la religion.
C'est ce que The ROOM a préparé pour vous, écrire face à l'état de rêve et écrire contre le vieillissement de l'imagination. Ecrire sous l'influence du vide, pas sous l'influence des accidents.
Nous sommes le miroir qui absorbe ce qui le traverse et ne reflète pas ce qui lui est équivalent. Nous sommes l'opposé de l'opposé.
En surface, nous portons le visage de l'utopie comme une urgence dans les mondes angéliques, mais le traitement est purement dystopique. Tout comme un équivalent catastrophique - pour zoomer sur le point le plus éloigné sur lequel se trouve l'avenir. Le rêve moisi n'est rien d'autre que des œufs dystopiques qui éclosent comme une sorte de prédiction du seuil subconscient…
Ghadah Kamal – Egypte.
Qu'est-ce que la Terre?
Qu'est-ce qu'un humain?
Que sont ces êtres?
Qu'est-ce que l'atome?
L'électron est à l'origine de toutes choses.
Au début, il y a eu une explosion.
Ensuite, des bactéries se sont formées.
Ensuite, nous avons évolué.
Commence alors la guerre entre les humains.
Nous sommes ici pour étudier l'électron.
Sans aucune catégorisation; classification raciale, sexuelle ou religieuse.
Pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour libérer leur imagination.
Pour tous ceux qui sont partis en échange de la liberté de leur imagination.
Pour les yeux de tous les enfants du monde.
Libérez votre imagination! Voici The ROOM ....
La chambre du rêve…
Pour l'œil qui regarde un avenir qui ne soit pas restreint par des règles.
Liberté d'imagination sans limitation physique ni dogme invisible…
Un corbeau avec une tête de loup planant au-dessus du siège
Et
Une fenêtre cassée recouverte par les algues toxiques de la réalité.
Ici est le pays de The ROOM, sans algues toxiques.
Ici est le pays des hurlements et des croassements sans entraves.
La musique boursière ne sauvera pas le monde si elle reste sourde.
Pourquoi devons-nous rêver comme nous le disent les trompettes du capitalisme?
Pourquoi devons-nous toujours tourner en rond dans les cercles requis ?
Ne pouvons-nous pas continuer à jouer comme des enfants?
Ou devrions-nous être fourrés dans leurs vêtements, puis nos os fourrés dans leurs linceuls?
Le surréalisme est la libération de l'esprit de toute restriction.
Abdul Kadir Al-Janabi a déclaré un jour: «le surréalisme est la libération de l'esprit de toute restriction, et il y a une différence fondamentale d'avec le soufisme; et si les choses se mélangent en apparence, il nous faut nous attarder suffisamment sur ce point, en particulier dans cette région du monde, car ici la métaphysique prévaut et tue. »
Le surréalisme repose sur la suppression des barrières métaphysiques tandis que le soufisme emprunte ces matériaux métaphysiques pour en faire la base de ses hypothèses.
Abdul Kadir Al-Janabi y a encore insisté lorsqu'il a déclaré: "Si le surréalisme utilise la science de l'esprit et l'alchimie, c'est pour permettre aux gens de s’approprier leurs pouvoirs perdus et de récupérer les facultés nécessaires pour atteindre la vraie vie absente."
La pensée critique surréaliste ne signifie pas l'abolition de la vie réelle , ce n'est pas non plus une invitation à la sorcellerie, mais c'est plutôt un rappel de cette force intérieure que la société répressive s'efforce de supprimer.
Ce sont les différences fondamentales et radicales du surréalisme d'avec le soufisme, comme d'avec toute autre approche métaphysique.
Et nous sommes là dans The ROOM pour présenter le surréalisme, sans le mêler avec des conceptions erronées. Des conceptions erronées qui visent à satisfaire la communauté par la contrefaçon sociale et la domestication absolue.
Nous sommes ici pour déclencher la tempête de nos imaginations que la politique capitaliste s'efforce de réduire à la marchandise, tandis que la métaphysique l'enferme dans des cages invisibles.
Nous sommes ici pour dire aux nouvelles générations que les dragons verts ne sont rien de plus que vos gentils petits fantasmes ! Laissez-les allumer le ciel misérable de cette planète.
Nous sommes là pour les empêcher de circoncire plus l'imagination de nos enfants!
Yasser Abdelkawy - Egypte.
Mesdames et Messieurs
Nous sommes en guerre
Une guerre qui a été menée pendant des millénaires, une guerre qui a façonné toute l'histoire humaine et continuera de la façonner à l'avenir. Cette guerre a été conçue pour détourner et piller l'imagination humaine. C'est une guerre pour contrôler ce qui nous définit, nous autres Homo Sapiens. Il y a des millions d'années, quand une créature simiesque s'est mise à regarder les étoiles, ce qu'elle a trouvé dans cet abîme sans fin c'était l'imagination et à travers elle, elle est devenue capable de se définir comme quelque chose de différent d'un animal et elle a payé le prix ultime: arrachée du sein de la nature, seule et rejetée, elle n'avait que son imagination pour trouver sa place dans un monde rude où elle ne pouvait plus s'intégrer, par conséquent, ce singe nu a dû s'imaginer, s'inventer une identité pour lui-même et depuis ce même lieu - l'imagination - il a créé une nouvelle notion: la notion d'humanité. Que sommes-nous donc sinon un singe nu doté d'une imagination?
Chacune des réalisations que revendiquent les êtres humains est le fruit de cet outil incomparablement puissant, qui est la capacité d'imaginer, de repenser le monde, de le décomposer en ses éléments les plus simples et de le remodeler en fonction de nos besoins, de nos sentiments, de notre compréhension et de notre imagination. On dit que le premier objet surréaliste jamais fabriqué par les êtres humains a été la roue. Elle imite la marche, mais elle ne ressemble en rien aux jambes et aux pieds, même si elle traverse des distances (Promenades...). Nous avons redéfini la marche en fonction de notre entendement et de notre compréhension du monde.
Cette guerre a toujours été menée quant à ce super pouvoir, pour le plier à la volonté et aux besoins de quelques-uns, même s'il appartient à la majorité. Le paradoxe réside en ce que cela a consisté à apprivoiser l'imagination sauvage sans la briser dans le but de transformer cette bête sauvage en un cheval de trait qui travaille pour la gloire de l'autorité, de l'État et des rois et reines.
C’est un paradoxe parce que l’imagination est une affaire de pensée dynamique, de réexamen de tout et de remise en question continue de toute idée stable acceptée comme vérité. C'est alors que l'imagination entre en conflit avec l'autorité, l'imagination a soif d'un monde dynamique, un monde qui change, s'améliore toujours et évolue.
Mais c'est dangereux. Qu'adviendrait-il si nous imaginions un monde meilleur ou une meilleure façon de faire les choses? Et si nous voulions transformer en réalité ce que nous imaginons? Cela ne fera-t-il pas tomber tout le temple rigide du pouvoir ?
Même l'esprit le plus autoritaire de l'histoire sait que l'imagination ne peut pas être tuée, alors ils ont coupé ses ailes en transformant les Muses en bêtes de somme, en créatures de travail, leur déniant leur liberté. Chaque création doit être retirée des mains de la déesse Boann et enfermée pour être exploitée, les mythes enfermés dans des religions, la poésie enfermée dans des livres saints, la science enfermée dans des produits de consommation, l'art enfermé dans des musées.. Ca doit continuer et ça continue ainsi. Une imagination asservie qui fonctionne de 9h à 17h et qui prend une pause déjeuner de 30 minutes. Une imitation de la chose réelle, du vrai pouvoir.
Le surréalisme a constitué et constitue toujours la contre-attaque la plus puissante dans cette guerre, brisant les conteneurs où ils ont enfermé l'imagination, rappelant aux muses leur liberté oubliée depuis longtemps, libérant les fruits de l'imagination et la ramenant à l'humanité.
The ROOM est notre part dans cette contre-attaque. C’est une épée de lumière au cœur de l’endroit le plus sombre du monde, au moment le plus sombre de son histoire. Quand il semble que chaque lambeau d'imagination libre ait été éradiqué, Le Vieux Fantôme renaît.
Alors, regardez et tremblez, car le dragon revit et son souffle est de feu.
Nota: Este documento lo he tomado anoche del boletín mensual "Mélusine". The Room (o alguno de sus voceros) parece más interesado en darse a conocer en un medio académico que en un espacio del surrealismo. Y por cosas así me dan a veces ganas de mandar todo esto a hacer puñetas.